Ce midi j'ai lu le billet de maître mô sur son grand O, et j'ai bien ris

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Et du coup je repense à ce diplôme que je viens d'obtenir il y a juste 1 mois, le premier diplôme qui compte pour moi.

Avant d'en arriver au 1er septembre 2014 dernier, date où j'ai passé l'examen, il y a un gros passif entre moi et les études, et ça mérite que j'y revienne. En tout cas j'ai envie de revenir là dessus.

L'école primaire, j'en ai peu de souvenirs. Si je devais jeter en vrac ce qui me vient à l'esprit, je me souviens de la fois où je me suis fait botter le cul par un instit' parce que je venais moi même de botter celui d'un camarade, j'ai découvert ce jour là l'existence d'une forme de mouvement perpétuel couplé à la loi du talion.

Je me souviens de cette fille manouche si gentille avec moi quand je n'étais qu'un petit con avec elle.

Je me souviens du grand gros, celui qui était habillé tout en marques, qui avait une game boy, et qui me faisais pleurer.

Je me souviens de 2 copains inséparables que je n'ai jamais revu passé le collège.

Je me souviens aussi cette forme de compétition pour être le premier de la classe.

Au départ nous étions 2 à nous disputer la place du number one. Aurélien et moi. Nous étions au dessus des autres, c'était notre duel à nous.

Bon dans la réalité j'ai été plutôt le poulidor de la farce, et je me souviens encore la satisfaction des rares fois où je le détrônais.

Mais un jour le grand gros avec la game boy est arrivé et d'office il nous à coiffé au poteau.

3ème.

la loose.

J'ai lutté une année, mais il a bien fallu que j'admette qu'il était au dessus et avec encore plus de facilités.

Nous sommes arrivés au collège, tout notre petit monde à volé en éclat et nous nous sommes retrouvés dispatchés dans des classes différentes. Nous ne nous retrouverons jamais plus dans la même classe.

Ceci est dû en très grande partie au fait que dès la fin de la primaire nous a été demandé de faire un choix. EN PRIMAIRE. Déjà.

Ce choix était la première langue vivante que nous souhaitions apprendre. Moi j'avais choisi allemand, les autres anglais. Je ne sais foutre rien de comment j'en suis arrivé à demander spontanément d'apprendre cette langue, mais je soupçonne le fait que mon grand père avait de son temps poussé mon paternel vers cette langue (souvenirs de guerre, but de réconciliation toussa toussa) et que le rejeton -2.0 (moi), avait suivi le courant. Aussi étrange que ça puisse paraître, je n'ai jamais regretté, j'aime bien l'allemand.

2 ans de collège.

Au passage certains s'en vont vers le LEP, je constate à l'époque que sont concernés les gens qui avaient tendance à se placer aux places les plus éloignées du bureau du prof et qui foutaient le bordel pendant les 2 premières années. Je me souviens que très tôt, ces personnes étaient recommandées chaudement par les profs pour aller au LEP.

Je ne sais plus la signification de cet acronyme mais je me souviens que je pensais "lèpre" au mot "LEP" et que les envoyés là bas étaient d'ailleurs considérés comme s'ils avaient cette maladie.

Et de mon côté, Bam : CHOIX. Il a fallu que je choisisse si je voulais faire ou non du latin.

A ce stade, j'ai rapidement vu que les classes de latin débordaient de filles.

J'ai fait latin.

Une langue morte pour mieux côtoyer la langue vivante en quelques sortes.

4ème année de collège. CHOIX.

Il faut trouver un stage dans un domaine qui nous plaît et réfléchir au choix d'orientation pour le lycée. Et là, déjà, je constate que je n'ai foutrement aucune idée d'où il veulent en venir avec leur histoire de seconde technique, d'arts appliqués, de débouchés d'emploi, de secteurs d'avenir...

Je trouve un stage dans le pinard à Calais (mon paternel étant vigneron, ça aide). J'y apprends à lancer des cartons de 12 bouteilles pour remplir les stocks, qu'on ne peut arnaquer un anglais sur la qualité d'une bière où d'un whisky, mais qu'en matière de pinard, ils s'y connaissent comme un Inuit pour élever des kangourous.

L'orientation du lycée, les arts appliqués me tentent, mais je suis à priori trop bon dans les matières générales pour être sacrifié sur l'autel de l'art, mais je suis habile de mes mains alors on m'envoie en seconde technologique. La logique des conseillers d'orientation scolaire pourrait épuiser quiconque souhaite s'y intéresser.

Moi, seconde "technologique", je crois que je vais apprendre à créer des cyborgs.

J'exagère à peine.

La dessus je passe le brevet des collèges et je l'obtiens.

Mon premier diplôme dont on me fait bien comprendre au passage qu'il ne vaut rien mais que si on ne l'a pas c'est grave. Soit.

Et me voilà au Lycée.

Fin de seconde, la section scientifique option technique ne me passionne pas, surtout les élèves qui sont des bourrins qu'on croirait rescapés d'un LEP (mon frère, devenu ingénieur après être passé par un LEP me traitera de con en lisant ces lignes : tu as raison frangin).

La bascule en arts appliqués est encore évoquée mais les conseillers d'orientations me dissuadent moi et mes parents et je n'ai ni assez d'assurance ni assez de caractère pour imposer quoique ce soit, d'autant que cette section est une éventualité qui me plaît, mais en toute honnêteté, je ne sais pas bien ce que j'y ferai de plus car je ne sais toujours pas ce que je veux "faire plus tard".

Mon prof de Maths, M. Lenglet, veut que je bascule en section scientifique. Je refuse car je sais pertinemment que les maths ne sont pas ma passion et que je tiens uniquement parce que même avec son côté ancienne école, je l'aime bien.

Pareil pour la physique, j'adore ça, mon prof est encore meilleur que Jamie dans "c'est pas sorcier", mais je flippe avec les maths, et je reste laborieux sur les matières scientifiques.

Quitte à devoir aller quelque part par défaut, autant que je n'aie pas trop d'effort à fournir.

Non je ne vais pas en littéraire, je bascule en section économie et social.

C'est pas mon truc d'apprendre des théories de mecs qui ont vécu à une autre époque pour les appliquer au présent. C'est intéressant mais abstrait et bizarrement pas toujours cohérent avec ce que je vois de l'économie . Mais j'assure la moyenne et je vogue tranquillou vers le bac.

Je l'obtiens sans éclat le bac vaguement sur le fil. Mention : "tu l'as", comme j'aimais bien le dire à l'époque.

Et pendant l'année du bac il a fallu choisir une "école pour après le bac". Donner ses voeux par ordre d'intérêt, de priorité.

"Il est moyen en tout, il est pas bête, il ne sait pas ce qu'il veut faire… il y a du débouché en commerce". Les conseillers d'orientation je vous dis...

Fondamentalement je sais que ce n'est pas ma place, je sais, je sens que je n'ai pas l'âme commerciale. J'aspire simplement à ce qu'on me foute la paix avec ces histoires d'orientation auxquelles je ne pane rien. Je vois mon père qui pense que c'est un bon choix, et je me raccroche à ces mots : "ça reste général, ça te donne un bagage qui te permettra de pouvoir affiner quand tu sauras vers quoi t'orienter".

Il avait raison et je le remercie.

DUT techniques de commercialisation.

Dans ma tête je me dis que les débouchés doivent se limiter à VRP. Je me vois dans une barre HLM à me prendre de sports au nez, mon aspirateur dernier cri à la main.

Pour ce qui est des cours, je me suis franchement fais chier là bas la plupart du temps, mais j'y ai rencontré des gens extraordinaires, des gens géniaux.

J'obtiens après 2 ans d'études mon DUT et dans les 20 premiers de la promo s'il vous plaît, sans avoir franchement bossé plus que ça. Les commerciaux c'est vraiment une bande de branleurs. L'art du baratin.

Vie active, 1 an, licenciement économique. Merde.

Après avoir un peu aidé mon père à construire un bâtiment je me lance dans une reconversion : la maçonnerie (putain d'image du père, c'est fou ce qu'on ferait pour un regard approbateur ?)

J'obtiens mon titre professionnel de maçon. et je fais 5 ans dans la profession.

Quelques années plus tard, après plusieurs concours de circonstances professionnels, j'occupe un poste dans les RH. Et je réalise que c'est ça. C'est enfin ça le domaine dans lequel je me plais.

Les circonstances me poussent à tenter le diplôme d'assistant RH.

J'y vais à fond.

Le boulot

les enfants

la rénovation de la maison.

l'achat d'un terrain pour faire construire.

Ça tasse, c'est dense. Je peux plus me caler un rdv chez le coiffeur. Mes vacances y passent, mon 13ème salaire y passe. C'est la première fois que je passe un diplôme par intérêt et que j'y mets autant d'énergie.

Putain j'ai eu tous mes diplômes par défaut, je ne peux pas me permettre de rater celui qui me plaît.

Je bûche à fond.

Et vient le jour de l'examen.

Bizarrement je suis assez détendu. Je me suis donné les moyens, j'aurais difficilement pu faire plus. Je n'ai pas une parfaite maîtrise de tout mais j'ai une approche bien large et des bases solides. Je ne suis pas venu à l'arrache comme aux autres examens que j'ai passé jusqu'ici. Je ne reviens pas de vacances, je n'ai pas passé la nuit à goutter la peau d'une femme, je ne suis pas bourré. Je suis prêt.

Réviser pour un diplôme, quand vous appliquez déjà le boulot, vous êtes dans le concret, ça décuple l'intérêt et la capacité à mémoriser. En tout cas ça a été comme ça pour moi.

Bref, le trajet est d'1h30 pour aller sur le lieu de l'examen. Le stress monte quand je m'aperçois que le trajet est plus long que ce que je croyais.

C'est d'ailleurs marrant cette insistance qu'à votre vessie à vous rappeler à l'ordre en cas de stress.

Qu'à cela ne tienne je prends le temps de m'arrêter pour pisser. Je ne serais pas plus avancé d'avoir envie à en avoir mal au bide en arrivant.

Le reste défile, le cadre est magnifique, il fait beau, au bord d'un lac encaissé dans les montagnes. Je me retrouve dans une salle de concert, des candidats à perte de vue.

Je suis assis, une sonnerie résonne, je retourne le sujet. Tout va vite, tout m'est connu, en dehors d'une crainte de hors sujet sur certaines questions, tout coule de source.

Fin

Repas au bord du lac entre collègues de formation. magnifique.

2ème partie de l'épreuve.

Plus dense. Plus technique. Plus difficile de cerner le sens des questions. Je bute une éternité sur l'énoncé d'un exercice salaire qui comptabilise un nombre conséquent de points. Du départ que je vais choisir va dépendre tout le reste de l'exercice.

Un détail que j'ai vu sur tous les exercices des épreuves précédentes que j'ai révisé est manquant.

Un détail con. Le salaire annuel … mais avec où sans le 13ème?

putain.

Je sens que je perds du temps.

Je lève la main.

Une surveillante arrive et me répond comme je m'y attendais qu'elle ne peut m'aider.

Mais tout d'un coup je lâche.

je repousse l'épreuve et je regarde les autres autour de moi.

Ils sont concentrés, ils bossent. Ça me calme des les regarder.

Le temps passe je ne peux pas me permettre ça trop longtemps.

je reprends l'énoncé et j'ai un flash. Un salaire ANNUEL putain. ANNUEL.

J'ai juste été déstabilisé par la précision manquante, habituellement 13ème inclus.

Mais bien sûr c'est ANNUEL PUTAIN MAIS QUEL CON.

Je me lance. L'exercice est long et assez ardu. Je sais que je dois enchaîner, je sens que j'ai perdu pas mal de temps. Je n'ai pas pris de montre parce que voir le temps qui reste me fait perdre mes moyens. J'ai bien fait.

J'enchaîne. Annonce des 20 mn restantes.

Il me reste trop de questions.

Je passe toutes celles pour lesquelles je doute. je les mets en tas à part.

5 minutes.

Je reviens sur les questions zappées.

Je boucle.

range.

fin.

Je réalise que j'ai oublié d'écrire mon nom sur la page de garde de l'épreuve.

Mais j'ai indiqué mon matricule sur toutes mes réponses, ça devrait passer.

Le pire d'une épreuve est finalement après.

2 semaines d'attente dans mon cas. Ce qui est assez rapide en soit au vu du nombre de candidats dans le pays à passer l'épreuve. Ce qui est une torture raffinée quand on attends ses résultats.

2 semaines à douter.

2 semaines à juguler tant bien que mal le syndrome démoniaque "Et si ?"

2 semaines à répéter à chaque personne que tu croises le même slogan, les mêmes pronostics dont tu doutes de plus en plus.

Et un coup de fil de ma femme.

"Manu ?

Tu peux rajouter une ligne sur ton CV."

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