Lycéen, je posais régulièrement des questions en cours quand je ne comprenais pas quelque chose. Parfois, je posais la question a quelque chose qui venait juste d’être abordé, que je n’avais pas entendu, occupé à noter où distrait par une pensée. Cela en faisait sourire quelques-uns, et faisait lever les yeux aux ciel à d’autres.

Insidieusement, j’ai commencé à croire que j’étais celui qui débarque, celui qui est lent à comprendre, celui qui pose des questions. Trop de questions.

Un jour j’osais exprimer à un pote ce malaise qui me gagnait à me sentir comme un boulet. Il semblait ne pas trop voir en quoi ça pouvait être un sujet. Une fille de la classe qui passait et avait entendu ce que je disais s’est arrêtée et m’a dit qu’elle était bien contente que j’ose poser autant de questions, car elle n’arrivait pas toujours à suivre, ou que ça pouvait l’éclairer sur quelque chose qu’elle n’avait pas forcément compris. Donc elle trouvait mes interventions plutôt chouettes. En partant elle a ajouté qu’elle n’était pas seule à penser ça.

Ce moment à été un de ceux qui m’a montré à quel point on peut se fourvoyer sur le regard que l’on prête aux autres. J’aurais aussi aimé que cela me fasse comprendre que l’essentiel était mon besoin, pas ce que les autres peuvent penser de moi.

Vouloir exister par le regard des autres est une posture sur laquelle je me suis construit étant jeune. Un peu comme tout adolescent me direz vous peut-être, à la nuance près que chez moi cela devenait parfois un but en soi.
Avec le temps j’ai pu observer que s’il est nécessaire de plaire pour qu’une amitié se crée ou pour intégrer un groupe, il est plus sain de plaire en raison de ce que l’on est et de ce que l’on fait pour soi, plutôt que de plaire en cherchant à correspondre à ce que l’on projette dans le regard de l’autre.
Essayer de se conformer à des critères que l’on attribue à quelqu’un comporte plusieurs risques. Déjà, de se tromper sur les critères. Ensuite, sur le fait que les critères peuvent être changeants selon la temporalité et le contexte. Enfin, le risque le plus sérieux à mon sens est celui de s’oublier et de s’asservir à des besoins, des envies, qui ne sont pas les siens.

 

De ce souvenir découle la conscience pour moi de l’importance de fonctionner vers mes propres buts et selon mes propres critères.
 


Et ça ouvre la vaste question des buts que l’on veut donner à son existence.

Retour à l'accueil