Aux racines d'un début d'esprit critique ? - Partie 3 : Au fond, la vie est absurde
01 août 2021Je crois que l'idée de la mort m'a toujours fichu le vertige, et j'ai l'impression que globalement, plus mon emploi du temps est dense et moins j'y pense, ce qui m'a amené à me demander si meubler ma vie le plus possible était un réflexe pour éloigner le spectre de sa fin. Il a fallu une phrase d'un enfant un soir pour ramener le sujet sur la table.
"Papa, j'ai peur de rien être."
C'est finalement en essayant de me comprendre, de comprendre mes réactions, mes croyances et d'en trouver les racines, que j'ai pu prendre un peu de recul sur moi. Devenir un peu plus objectif ou nuancé sur moi même m'a permis de l'être sur le monde qui m'entoure et de finalement réaliser que tout repose sur des croyances. Nous les transcendons et perpétuons ensuite en racontant des histoires. La particularité de la croyance et que chacun y met dedans ses références et son vécu, donc que chaque croyance est unique et, en conséquence, qu'aucune n'est universelle.
La vie humaine se résume à des histoires où l'humain aime à se raconter, et peut être que c'est même là sa seule victoire possible sur sa finitude, sa seule possibilité à donner du sens à son existence.
Raconter des histoires, se projeter dans l'avenir, imaginer... autant d'éléments parmi d'autres qui nous ont amené à créer, construire, façonner un monde plus enviable et confortable. Et peut être que garder l'esprit vers les nuages et les voir se rapprocher a fait oublier à l'humain qu'il ne peut marcher que sur le sol, et que régulièrement, il faut regarder où poser ses pieds.
Quand je regarde désormais le fonctionnement de la société humaine dite "moderne", je ne vois pour bases qu'essentiellement des croyances. Nous ne pouvons prétendre être rationnels tandis que nous continuons à détruire l'écosystème qui nous permet de vivre pour la simple raison que nous ne nous autorisons pas à changer nos propres règles établies de façon arbitraire.
Tous ces constats m'ont amené à réaliser que la vie est fondamentalement absurde. Je la vois se résumant à des mécanismes chimiques, qui se sont complexifiés pour s'adapter et qui ont mené sur ce foisonnement d'organismes qui s'agitent et se reproduisent fébrilement, dans une interdépendance devenue tellement inextricable et incompréhensible que d'aucuns la qualifient de magique.
Et cet ilot de vie dérivant dans l'espace infini se trouve simplement être.
Et finalement pour moi, réaliser que la vie n'a d'autre sens que celui qu'on lui donne m'a un peu libéré, et me permet aujourd'hui d'accueillir avec un peu plus de sérénité l'absurdité de nos comportements humains et de leur finitude.
Jusqu'à me perdre ailleurs.